Texte par : Larissa Jean-Baptiste
Photos : Anouk G - Moments famille
Joie et sérénité
J'ai décidé d'avoir des enfants environ 7 ans après avoir rencontré le père des enfants, 3 ans après m'être mariée et avoir commencé à habiter avec lui. J'avais donc 28-29 ans. J'ai ressenti surtout de la joie autour de ce parcours. De la curiosité. Une certaine forme de sérénité et de confiance. Quand nous avons appris que j'étais enceinte, la réaction a été de la joie les 3 fois. Un peu de surprise la 3ème fois. La 2ème fois, c'était plus planifié alors on attendait avec impatience.
Belles grossesses et anecdotes cocasses d'accouchements
Les grossesses ont été agréables, en gros. Oui, quelques malaises dans les premiers mois et de l'impatience dans les dernières semaines. Mais je suis restée très active pendant mes grossesses et j'ai beaucoup aimé rester active. À la première, je voyageais beaucoup pour le travail, donc passais beaucoup de temps sur des routes cahoteuses ou dans des petits avions. Pour la 2ème et la 3ème j'étais entraîneure et prof de Zumba alors je trouvais ça très drôle de bouger et courir avec un ventre. Les participants à mes activités trouvaient ça drôle et ils surveillaient comment grossissait mon ventre et quand je ne pourrais plus entrer dans mes vêtements.
Mon humeur était bonne pendant mes grossesses. Et j'aimais beaucoup ma façon de m'alimenter pendant ces périodes.
Les accouchements ont été des césariennes les trois fois. Donc un peu de déception et une forme de douleur à laquelle je ne m'étais pas préparée.
Beaucoup d'anecdotes drôles autour des 3 accouchements aussi !!! La 1ère: j'avais rêvé d'elle d'une façon qui lui ressemble pour vrai. La 2ème ne voulait pas sortir du ventre même avec une césarienne. La 3ème: une panne d'électricité juste au moment où on allait m'injecter l'anesthésie !!!
Et....la coïncidence d'avoir toujours accouché un lundi !!!!
Alors mes souvenirs restent colorés.
Immigrer comme nouvelle maman
Avoir changé de pays. C'est un grand changement arrivé 1 an et 9 mois après la naissance de la 1ère enfant et qui a eu un impact sur tout le reste. L'énorme stress vécu avant le départ, le soulagement et tout le processus d'adaptation qui a suivi l'immigration.
La connaissance de soi et de ses besoins est au centre de ma culture parentale
Ma philosophie parentale : Je crois que les enfants ont besoin de chaleur/d'amour et de structure/cadre/limites. Je crois aussi que la communication parents-enfants est primordiale. Et je vise beaucoup l'épanouissement global avec beaucoup d'accent sur le côté intra et inter-personnel.
Mes valeurs parentales ressemblent sûrement à mes valeurs en général: le respect, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la bienveillance, l'évolution constante impliquant l'humilité à se remettre en question, la curiosité, l'esprit critique.
Être à l'écoute des enfants et de leurs besoins est sûrement au top !
Vivre des expériences: c'est important pour moi que mes enfants vivent des expériences enrichissantes durant leur enfance afin que ces expériences leur servent de fondations pour relever les défis de la vie adulte. On dirait que le meilleur de beaucoup de choses se vit pendant l'enfance !
La connaissance de soi et de ses besoins (que les enfants apprennent à se connaître): c'est au centre de ma culture parentale. Dans le but que les enfants, en grandissant, apprennent à prendre des décisions et à se créer une vie en fonction de leurs besoins/envies/défis.
L'immigration comme un soutien et un obstacle
Je pense que plusieurs aspects de la philosophie parentale de mes parents ont été très utiles et que j'ai choisi de les répéter en tout ou en partie.
Ma formation en psychologie avec une recherche sur les styles parentaux a sûrement aidée aussi. Mon propre cheminement personnel a définitivement fait une différence.
Changer de pays a fait un très grand bien !!! Être loin de valeurs et d'un environnement qui entraveraient à différents niveaux toute la vie des enfants et de la famille.
Certains livres ont été très aidants (J'ai beaucoup aimé "The continuum concept" par exemple)
Faire partie d'une communauté de «unschoolers/homeschooler» a beaucoup apporté de positif.
Ce qui a été dérangeant dans ma parentalité ? Changer de pays est aussi de ce côté-là ! Avoir à se recréer une vie ailleurs à l'âge adulte est tout un défi. Un défi qui a amené pour moi un certain stress durant le parcours parental.
Les difficultés au niveau du couple ont été l'élément le plus dérangeant pour moi dans mon parcours parental.
La société a un impact significatif sur l'expérience parentale
Je suis contente que mes enfants aient l'opportunité de grandir au Québec ! À Montréal. De l'impact des valeurs québécoises sur ma façon de voir les choses. Et je suis contente d'avoir aussi accès à l'influence de la culture haïtienne.
Clairement la société a un impact significatif sur l'expérience parentale et sur les valeurs. Par exemple: en Haïti il y aurait la famille élargie et le personnel de maison pour aider avec les tâches et donner de l'affection aussi !
Souvent, je me retrouve à avoir peur que mes enfants deviennent trop individualistes et ne soient pas assez dans la solidarité.
«C'est un défi d'élever des enfants qui sont d'une culture différente de la mienne et dans une société qui n'est pas celle dans laquelle j'ai grandi.
C'est à la fois un privilège et un défi.»
Relation à soi et aux autres
J'espère avant tout que mes enfants soient bien dans leur vie d'enfants et d'adultes. Qu'elles deviennent des adultes autonomes et épanouies capables de prendre soin d'elles-mêmes de façon satisfaisante pour elles.
Je souhaite conserver une relation harmonieuse avec mes enfants et je souhaite qu'elles puissent compter sur ma présence/soutien en cas de besoin tout en ayant confiance en leur capacité à elles de prendre soin d'elles.
J'aimerais aussi qu'elles puissent se trouver une façon agréable et soutenante de relationner entre elles lorsqu'elles seront adultes.
- Qu'est-ce que vous changeriez dans le monde de la parentalité?
J'ajouterais des adultes autour des enfants ! Plus de "parents" pour chaque enfant:)
J'ajouterais le village pour élever les enfants !
J'ajouterais plus de soutien aux parents: des formations pour les jeunes sur la parentalité. Des formations / lieux d'échanges pertinents pour les parents tout au long du parcours.
Je créerais des lois gouvernementales qui permettraient aux parents de ne pas être obligés tous les 2 de travailler à temps plein !
Encore plus de conciliation travail-famille.
Réduire l'impact du système scolaire sur les enfants !!!!! Changer le système scolaire. Au moins, permettre aux enfants de commencer l'école plus tard (pas avant l'âge de 8 ou 9 ans !)
- Qui êtes-vous en tant que maman, en tant que parent?
Selon moi ou selon mes enfants?:)
Selon mes enfants, elles sont encore au stade de me voir comme une "très bonne maman":) attentionnée, à leur écoute, très très ouverte d'esprit. Et qui ne met pas toujours suffisamment les limites de façon assez ferme.
Selon moi: un peu de tout ça. Surtout une maman qui fait de son mieux et qui se dit qu'elle pourrait faire moins et être plus. Être plus détendue, par exemple.
- Vous sentez-vous confiant, à l'aise dans votre rôle de parent ?
Ça dépend des moments. Globalement (et en-dehors de mon anxiété de performance), oui. Mais, pour un ou deux points spécifiques, non.
- De quoi avez-vous le plus besoin comme parent ?
D'allié.es.
D'être rassurée.
De ressources spécifiques et adaptées.
D'être entendue.
- Quels sont les plus grands défis de votre parentalité ?
Le papa
Le fait que la société (et l'école) ne soit pas encore adaptée à la neurodiversité.
Être maman dans un environnement et une culture différente de celle dans laquelle j'ai grandi. Ça a de gros avantages et aussi de grands défis, surtout liés au rythme de vie.
Mes exigences élevées envers moi-même
Et sûrement les mêmes défis que tous les parents!
Quels sont vos forces comme parent ?
Débrouillardise, pro-activité, résilience, ouverture d'esprit, patience (et ce n'est pas toujours une force). Le fait d'être attentionnée et à l'écoute des besoins spécifiques de chacune de mes enfants. Surtout mon désir constant d’évoluer, ma capacité à chercher et trouver des
ressources et de mettre en action ce que j'apprends.
S'il n'y avait qu'une chose que vous pouviez partager avec d'autres parents qu'est-ce que ce serait ?
J'avais posé cette question à Amélie un jour !
J'ai beaucoup aimé sa réponse:
"Elle pense que le plus important est que les parents soient à l'écoute des enfants et surtout qu'ils valident ce que les enfants disent"
(valider en opposition à minimiser ou invalider les besoins, émotions et autres qu'ils expriment)
Pour voir les partage des autres participant-e-s au projet Confiance parentale, consultez cette page.
Et si vous souhaitez y participer comme famille ou connaissez une famille qui pourrait être intéressée, tous les détails sont ici.